Nouvelle restauration 2K
Par une chaude nuit d'été bruxelloise : il y a ces couples qui dansent dans les bars et les cafés, ceux qui se séparent après s'être raccompagné·e·s sur le pas de la porte, ceux qui s'échappent en cachette dans la pénombre; certains font renaître leurs amours de leurs cendres, d'autres y mettent fin dans des enlacements déchirants. Dans l'inimitable Toute une nuit, Chantal Akerman se saisit de la ville et de ses habitant·e·s dans des visions, des découpages fragmentaires et elliptiques de ces désirs, des amours frustrées, d'une pesante solitude qui accablent quelques dizaines de personnages, en de délicates vignettes de plus vastes récits de vie. Akerman compose ici une grammaire cinématographique où se mélangent une rigueur structuraliste à des atmosphères rêveuses ― sentiment d'aliénation et intimité se côtoient et s'élèvent par un usage parcimonieux des dialogues, entrecoupés ça et là de brusques élans, de gestes, de regards qui se séduisent. Un grand mélodrame d'avant-garde où se vit et se ressent tout le poids des désirs et ce besoin pressant et profond de connexion humaine.